Léon Claro est né à Oran, où son père était déjà un architecte reconnu. Ses études et celles de son frère aîné Emile conduisent la famille à Paris. Après son baccalauréat, Léon Claro est d’abord l’élève de Gabriel Darbeda, professeur d’architecture à l’Ecole des Beaux-arts d’Alger, où il rencontre son futur ami le sculpteur Paul Belmondo (hyperlink). En 1926, il se présente au concours de Rome, mais Gabriel Darbeda lui propose au même moment de prendre sa succession en tant que professeur d’architecture à l’Ecole des Beaux-arts d’Alger. Léon Claro accepte et s’installe donc à Alger, pour y enseigner, en 1927.
Il y fait toute sa carrière en tant que professeur (jusqu’en 1964) et architecte libéral, auteur d’importantes commandes publiques. Sa première réalisation est la Maison indigène en 1930, à l’occasion des fêtes commémorant le Centenaire de la colonisation de l’Algérie. Elle est suivie par le Foyer Civique, siège de l’Union Générale des Travailleurs Algériens, à l’issue d’un concours organisé par la ville en 1935. Il s’illustre également dans des commandes privées avec l’aménagement de la maison d’habitation de Frédéric Lung, important négociant en vins d’Alger, boulevard Carnot. La construction de la nouvelle École des Beaux-arts d’Alger en 1950 souligne l’influence de Gustave Perret sur son style. Les mêmes principes président à l’édification de l’hôpital de Tizi-Ouzou qu’il réalise à la fin des années 1950.
Il meurt à Gien en France en 1991.
Bibliographie :
- S. Almi, « Léon Claro » in Urbanisme et colonisation. Présence française en Algérie, Alger, Mardaga, 2002.
- E. Cazenave, « Léon Claro » in Les artistes de l’Algérie : Dictionnaire des peintres sculpteurs, graveurs, 1830 – 1962, Abd-el-Tif, Editions de l’Onde, 2010.
- Malik Chebahi, L’Enseignement de l’architecture à l’École des beaux-arts d’Alger et le modèle métropolitain : réceptions et appropriations (1909-1962), thèse de doctorat en architecture, Paris, 2013.
- « Léon Claro, bâtisseur de l’Algérie », consulté sur http://lomazhar.blogspot.fr/2012/03/leonclarobatisseurdelalgerie.html le 27 octobre 2016.
- « Léon Claro », article wikipedia consulté sur https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Claro le 20 février 2016.
- « Léon Claro » consulté sur http://www.memoireafriquedunord.net/biog/biog13_Claro.htm le 20 février 2017.
Léon Claro (24 juin 1899, Oran - 1991, Gien)
Jacques Darbeda (14 novembre 1911, Algérie - ?)
La famille de Jacques François Darbeda était installée en Algérie depuis 1834. Son père, Marcel, a contribué à élargir et diversifier les activités de la famille, spécialisée à l’origine dans la menuiserie et la charpenterie. Elève à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger, Jacques fait ses études d’architecture dans l'atelier de Léon Claro. Une fois diplômé, il le rejoint en tant que professeur.
Les deux hommes collaborent pour la réalisation de l'hôpital de Tizi Ouzou, dernier grand chantier pour Claro en Algérie, et surtout pour la construction de la nouvelle École des Beaux-arts édifiée au-dessus du Parc de Galland ; ils remportent ensemble le concours organisé par la ville pour ce chantier. En 1955, Jacques Darbeda intervient avec Louis Miquel pour la reconstruction du centre Ouest d’Orléansville, ville sévèrement endommagé par un séisme au cours de l'été précédent. Il travaille également avec Bourlier au grand projet de la nouvelle cité satellite d’El Harrach où sont d’ailleurs installés les locaux de l’Ecole d’architecture, lorsque celle-ci se sépare de l’Ecole des Beaux-Arts en 1970.
Bibliographie :
- M. Achour, Les Darbeda, entrepreneurs et architectes en Algérie (XIXe-XXe) du néo-mauresque au modernisme, mémoire de Master recherche en Histoire culturelle et sociale de l'architecture et de ses territoires de l'Ecole nationale Supérieure d’Architecture de Versailles-Université de Saint-Quentin-en-Yvelines, 2014.
- S. Almi, « Jacques Darbeda » in Urbanisme et colonisation; présence française en Algérie, Alger, Mardaga, 2002.
En dépit des critiques contre la première école, la construction d’une nouvelle Ecole nationale des Beaux-Arts et d’Architecture ne sera initiée qu’en 1945. L’ancienne Ecole, située dans le quartier jugé insalubre de la Marine, a été rasée. Dès 1946, le terrain de la villa Séverin Houge, d’une surface de 10 572 m2, est acquis, en vue de la construction du nouveau bâtiment. Cette nouvelle Ecole est une des seules constructions d’Alger originellement dédiées aux Beaux-Arts. C’est Léon Claro et son élève Jacques Darbeda qui gagnent le concours organisé par la ville pour cette nouvelle commande d’envergure. L’emplacement choisi surplombe le parc de la Liberté, à l’époque parc Galland, du nom de l’ancien maire de la ville, et le chantier se déroule de 1950 à 1954.
Léon Claro fut un personnage clé du renouveau architectural moderniste à Alger dans les années 1950. Longtemps maître de l’atelier d’architecture à l’Ecole des beaux-arts, il a grandement influencé plusieurs générations d’architectes locaux, favorables à l’adoption d’une architecture « d’esprit moderne et d’expression régionale[1] ». Nombre de ses propres constructions s’inscrivent dans l’esprit de Le Corbusier et surtout des frères Perret. Lors de la venue de Le Corbusier à Alger dans les années 1930, c’est Claro qui lui sert de guide, fort de son excellente connaissance architecturale et historique de la ville mais aussi de son ouverture d’esprit à l’égard de « l’esprit nouveau » de mouvance corbuséenne.
La sobriété de la construction de Léon Claro et Jacques Darbeda pour l’Ecole des beaux-arts, dans le style des frères Perret, témoigne d’une volonté d’harmonie avec le paysage. Situé à flanc de coteau, le bâtiment est orienté plein nord, face à la mer. Les espaces sont vastes et très ouverts. Une monumentale terrasse étagée permet d’apprécier la vue sur la Méditerranée. Une cour dallée donne accès aux différents ateliers. Les imposants escaliers contribuent à l’impression de monumentalité qui se dégage de l’édifice. Ces choix architecturaux découlent d’une connaissance très précise du terrain. Dans son ensemble, l’Ecole fait figure de symbole militant de la tendance moderniste en architecture, exprimée par la mise en valeur de la structure, l’épuration des formes sans fioritures ni frises et l’ouverture de la façade à la lumière. Le choix des fenêtres à l’italienne et des volets roulants témoigne également d’une volonté de modernité et de sobriété. Toutefois, ce modernisme est contrebalancé par un respect de la tradition Renaissance, incarnée par l’organisation du bâtiment en H et par la symétrie des deux ailes longitudinales encadrant une cour d’honneur et des allées et des jardins de part et d’autre. Parallèlement, on retrouve de nombreux éléments typiques de l’architecture du monde arabe. Sur l’esplanade et sur certains murs de séparation des espaces, des formes en grille font référence aux moucharabiehs, un système traditionnel, dans l’architecture arabe, d’aération naturelle permettant de voir sans être vu.
Avec le temps, quelques agrandissements et ajustements ont été nécessaires. En 1978, notamment, la terrasse supérieure couverte du bâtiment est fermée par des baies vitrées, d’où le regard plonge directement dans la mer.
[1] Xavier Malverti, « Alger : Méditerranée, soleil et modernité », in Maurice Culot et Jean-Marie Thiveaud (dir.), Architectures françaises : Outre-Mer, Liège, Mardaga/Institut français d’architecture, 1992, p. 42.